Comment démarrer un potager ?
Un guide complet étape par étape
Que vous souhaitiez créer votre premier potager à partir de rien ou encore préparer votre nouvelle saison de jardinage, ce guide étape par étape vous enseignera quoi faire au bon moment et dans le bon ordre.
L’objectif est d’être sur la ligne de départ au premier rayon du soleil et de lancer sa saison en toute confiance !
Étape #1 : Ouvrir son premier potager
Étape #2 : Planifier sa saison
Étape #3 : Préparer son terrain
Étape #4 : Rassembler les semences et le matériel
Étape #5 : S’entourer, s’informer, apprendre
Étape #1 : Ouvrir son premier potager
Choisir l'emplacement idéal et des dimensions de départ adaptées à vos besoins est un gage de succès lorsque vous démarrez un potager à partir de rien.
Si vous avez déjà un potager établi, vous pouvez passer directement à l'étape #2 - ou réviser celle-ci afin de vous assurer que vous avez bien fait les choses la première fois. :)
a. Choisir l'emplacement idéal
Pour faire un petit potager dans son jardin, il est important de choisir le bon emplacement dès le départ. La première année est toujours la plus exigeante et il serait dommage de devoir recommencer si l’emplacement n’est pas le bon. Voici donc les critères à considérer dans votre choix :
Ensoleillement ☀️
L’ensoleillement est l’un des critères les plus importants dans le choix de l’emplacement (avec l’accès à l’eau) : vous devriez toujours considérer l’endroit le plus ensoleillé de votre terrain pour y installer votre potager.
La grande majorité des plantes légumières offrent leur plein potentiel lorsqu’elles bénéficient d’un ensoleillement maximal (au moins 8 heures par jour).
Si vous avez peu accès au soleil direct (moins de 6h), préférez les légumes-feuilles aux cultures exigeantes (tomate, aubergine, melon) qui nécessitent des zones ensoleillées et chaudes.
Eau 💧
L’eau est un élément primordial dans la croissance d’une plante puisqu’elle lui permet, entre autres, de rester hydratée et de se nourrir en acheminant les éléments nutritifs du sol dans toutes ses parties. En d’autres termes, dès que nous mettons une plante en sol, elle a besoin d’eau pour pousser !
Afin de rendre notre expérience la plus agréable possible, nous recommandons de prévoir un accès à l’eau le plus proche possible de votre espace de culture. En pleine saison, il n’y a rien de pire que d’enchainer les allers-retours pour remplir son arrosoir.
À l’inverse, les zones hydromorphes (saturation régulière en eau) ou trop humides sont à proscrire puisque la majorité de nos légumes détestent avoir les pieds dans l’eau !
Qualité et santé du sol 🪱
Un sol bien vivant et en bonne santé vous donnera des plantes fortes et résistantes et vous permettra de mieux vous nourrir de votre potager.
Avant de faire son premier potager, il est important de vérifier la qualité et la santé de son sol.
- Pour la qualité, c’est sa composition et sa structure qui nous intéressent.
- Pour la santé, il s’agit d’un sol riche en micro-organismes.
Pour cela, vous pouvez demander une analyse de sol, effectuer le test du bocal ou creuser un trou dans le sol puis examiner la terre vous-même :
- Voyez-vous des vers de terre ?
- Le sol est-il meuble ou compacté ?
- Y a-t-il de la matière organique ?
- Est-il plutôt sableux ? Argileux ?
- Est-ce que des plantes y poussent déjà ?
Sachez que peu importe les résultats, il est possible d’améliorer votre sol rapidement. On vous en parle dans cette capsule vidéo.
Pente
Sur des pentes légères, nous préférons généralement positionner le potager et les planches de culture dans le sens de la pente. Ça permet à l'eau de mieux s'écouler.
Cultiver un potager dans une grande pente peut-être périlleux puisqu’on constate une augmentation des phénomènes comme l’érosion ou le ravinement, notamment lorsqu’il pleut, ainsi que des difficultés à gérer la répartition de la fertilisation, de l’irrigation et l’ensoleillement. Une pente exposée au nord sera plus fraîche et moins ensoleillée qu’une pente au sud.
Accessibilité
L’accessibilité est un élément primordial pour rendre votre potager fonctionnel et s’y sentir bien, sur le long terme.
Faire un petit potager se pense et s’optimise dès le départ : son emplacement et son design doivent être pensés pour éviter les pas inutiles, faciliter le travail, réduire le nombre de tâches et augmenter votre plaisir.
b. Déterminer la dimension de son potager
Commencer petit
Une fois l’emplacement identifié, vous pouvez déterminer les dimensions de votre futur potager. Ne visez pas trop grand pour débuter. Il vaut mieux démarrer un jardin potager sur une petite surface et apprendre à le maîtriser, que de perdre le contrôle d’un grand potager. D’une saison sur l’autre, vous gagnerez en confiance et pourrez décider d’agrandir la surface cultivée.
Standardisation et forme droite
Paroles de maraîchers professionnels : standardiser vos pratiques facilite grandement le travail et l’ergonomie sur le long terme. Et cela se pense dès la conception !
L’idée à retenir est que les zones de cultures, qu’on appelle planches permanentes, devraient toutes être de la même dimension et droites. L’uniformisation des planches permet l’uniformisation des équipements (bâches, système d’arrosage, couverture flottante, filets anti-insectes, etc.) et d’en faciliter l’usage.
Étape #2 : Planifier sa saison
L’étape la plus importante pour le succès d’un jardin potager est la planification. Peu importe la taille de votre jardin, vous économiserez du temps et des efforts en planifiant correctement.
Plusieurs questions nous guident dans le processus de planification :
a. Pourquoi je démarre un jardin potager ?
Clarifier vos objectifs et la vocation de votre jardin est essentiel pour s’assurer qu’il s’harmonise dans votre vie, tout au long des saisons.
Un projet individuel, familial, collectif, d’entreprise ou pédagogique se planifie de manière différente. Il en va de même pour le temps que vous êtes prêt.e à y consacrer, les vacances que vous souhaitez prendre ou le type et la quantité de légumes que vous souhaitez produire.
Il vaut mieux se pencher sur ces questionnements bien avant le début de la saison, car leurs réponses constitueront les fondations de votre projet.
b. Quoi planter au potager ?
Certaines cultures sont plus faciles que d’autres à réussir lorsqu’on débute. Choisir de cultiver tomates, fines herbes, courgettes, concombres, haricots, radis et roquette est une option sûre pour démarrer. Ces légumes amèneront diversité et fraîcheur dans vos assiettes, avec une forte probabilité de succès !
Côté variétés, nous préférons les hâtives et celles à cycles courts, celles adaptées au climat frais, et recommandons de commencer par des variétés populaires et éprouvées avant d’aller se pencher sur de l’exotique ou de l’atypique. Utilisez nos 5 meilleurs conseils pour choisir vos variétés.
Mettez toutes les chances de votre côté et n’hésitez pas à demander des conseils autour de vous !
c. Où planter : l'organisation du jardin potager ?
Un plan à l’échelle vous sera fort utile pour prévoir comment organiser votre jardin potager, pour optimiser votre espace de culture et pour vous faciliter la vie lors de la plantation.
Lors de la réalisation de votre plan, pensez à certains concepts clés :
La taille à maturité
Il faudra projeter l’espace utilisé lorsque la plante sera à maturité et respecter les densités de plantation recommandées pour chaque légume. Un plant de courge au centre du jardin deviendra très imposant et vous handicapera toute la saison.
La protection sous filet
Certaines cultures, comme la grande famille des choux (brassicacées), nécessitent d’être couvertes d’un filet afin de les protéger des insectes. Pensez à les rassembler suffisamment proches pour les couvrir d’un seul filet.
L’ombre projetée
Certaines plantes peuvent devenir très hautes et imposantes au milieu de l’été comme les tomates, les haricots grimpants, et les pois sucrés. Placez-les sur le côté nord de votre jardin afin qu’elles ne fassent pas d’ombre aux cultures plus basses.
En gagnant en expérience, vous serez en mesure d’affiner votre assolement et de vous pencher sur des concepts comme les rotations, les successions et les contre-plantations. Il y a tellement de choses à découvrir, mais avant de penser à optimiser, mieux vaut miser sur la simplicité !
d. Quand planter au potager ?
La question que se posent tous les jardinier.es! Notre conseil : prudence !
L’élément principal à considérer pour débuter sa saison est la tolérance au froid de chaque légume :
- Les cultures qui tolèrent les températures fraîches (radis, carottes, pois sucrés, choux, céleri, etc.) pourront être intégrées jusqu’à 4 semaines avant les dernières gelées.
- Les cultures sensibles au froid (tomates, concombres, courgettes, poivrons, basilic, etc.) devront attendre que les gels au sol soient terminés.
La date du dernier gel est donc un réel repère et la patience, une alliée de taille pour maximiser ses chances de réussite au potager ! Étant donné que chaque légume a ses propres règles, soyez vigilant.e. Mieux vaut être prudent.e que de perdre ses cultures au gel.
De plus, comme la date de dernier gel est une moyenne, validez toujours les prévisions météo avant de passer à l’action.
Ensuite, notre meilleur conseil est certainement d’exposer progressivement vos plants aux conditions climatiques de leur futur habitat, au moins une semaine avant de les planter. Vous limiterez l’impact du choc de transplantation qui ralentit drastiquement la croissance des végétaux.
Imaginez vos plantes qui ont toujours connu le nid douillet d’une pépinière ou de votre maison, au chaud, à vivre d’amour et d’eau fraîche et soudainement elles se retrouvent seules, dehors, confrontées à de fortes variations de température, aux rayons directs du soleil, au vent et à la pluie. Pour prendre son envol (ou racine en l'occurrence), un plant mérite d’être acclimaté en douceur !
Dans notre formation “La Micro-Agriculture Familiale”, nous avons conçu un outil de planification sur lequel un.e jardinier.e peut facilement construire son propre calendrier de jardinage et déterminer quand planter ses légumes au jardin en fonction de sa date de dernier gel.
Étape #3 : Comment préparer un terrain pour faire un jardin ?
a. Préparation initiale
Vous démarrez d’une pelouse ? Vous envisagez d'agrandir votre potager ?
Pour vous éviter bien des efforts, mieux vaut prévenir le coup une année en avance et installer une toile par-dessus votre herbe tondue.
Cette technique appelée l’occultation va couper la lumière et provoquer deux choses :
- Tuer l’herbe : vous aurez moins à gérer l’enherbement.
- Aider la vie dans le sol à décomposer la matière : vous n’aurez pas à gérer l’évacuation de la matière et la santé de votre sol en sera bonifiée.
Si vous n’avez pas le temps, il est toujours possible de détourber un jardin (enlever l’herbe) à la main ou avec une machine, mais cela demande beaucoup d’énergie, de force et de travail. Nous préférons la méthode passive.
b. Identification des planches permanentes
Une fois le sol mis à nu, débarrassé de résidus de tonte et d'adventices, il faut identifier vos zones de cultures.
À L’Académie Potagère, nous consacrons à la culture des légumes les mêmes surfaces d’une année sur l’autre. Ces planches permanentes sont séparées par des allées qui nous permettent de circuler. Nos planches font 75 cm (30”) de large, nos passe-pieds en font 45 cm (12”). L’ensemble s’allonge sur 5 mètres.
En adoptant des dimensions largement utilisées dans le milieu maraîcher, vous bénéficierez d'une facilité à utiliser des outils et des équipements spécialement conçus pour ces mesures.
À la base, la planche permanente de 75 cm de largeur a été réfléchie pour mettre les jardiniers au coeur du design, faciliter le déplacement et le travail, en opposition à un modèle basé sur le tracteur, qui nécessite des espacements beaucoup plus grands.
Si vous cultivez en pleine terre, fort est à parier que le sol souffre de compaction. Un outil comme une grelinette, un croc ou une fourche-bêche vous permettra de le décompacter. Cette opération permet non seulement aux racines de se développer en profondeur, mais aussi à l’eau de pénétrer au lieu de ruisseler à la surface. Nous préférons ces solutions au rotoculteur puisque son usage perturbe grandement la vie du sol tout en détruisant sa structure.
L’intérêt des passe-pieds est de circuler toujours au même endroit. Cela évite le compactage du sol où se trouvent les légumes et favorise la présence des micro-organismes dans le sol.
Tout cela conduit à de meilleures récoltes !
c. Amendement et fertilisation
Maintenir l'équilibre dans le jardin est un enjeu pour tous les jardiniers. Techniquement, à force de récolter des légumes, nous prélevons sans cesse des éléments nutritifs dans le sol. Pour rétablir l’équilibre, il est nécessaire d’amender et de fertiliser votre sol.
Un apport annuel de compost de qualité permet le développement de l’activité microbiologique et fournit une partie des éléments nutritifs nécessaires à la croissance de nos plantes. Nous déconseillons le compost ménager et/ou de qualité incertaine, car généralement les graines qu’ils contiennent seront vos ennemis de la saison. Vous ne voudriez tout de même pas être responsable d'un envahissement d'adventices avant même d'avoir semé une carotte !
Ensuite, nous incorporons sur les 5 premiers centimètres du sol un fertilisant biologique, la dose variant selon chaque culture, en fonction de leur exigence et du temps qu’elles passent au potager.
d. Lit de semence
Nous avons pour coutume de dire que le légume sera aussi beau que le sol dans lequel on le plante. Avant d’accueillir un plant, la surface de votre planche permanente devra être meuble, dépourvue de mottes et bien nivelée à l’aide d’un râteau.
Vous pouvez voir que l’ouverture du potager est une étape plutôt exigeante pour les jardinier.es, surtout la première année : n’hésitez pas à vous entourer de vos amis et de votre famille pour joindre l’utile et l’agréable !
Étape #4 : Rassembler les semences et le matériel
a. Choisir ses semences et ses plants
Cette étape est cruciale puisque toutes les semences et tous les plants ne se valent pas ! Une fois que vous avez identifié ce dont vous avez besoin (merci à la planification), il est temps de procéder à vos achats.
Grâce à de l’anticipation, vous serez en mesure de trouver votre bonheur et de respecter vos critères d’achat. Nous conseillons l’achat de semences biologiques, produites par des artisans qui ont à cœur la préservation et l’amélioration des variétés tout en préservant le bien commun.
Avec la possibilité d'acheter en ligne, vous pouvez faire vos achats chez les meilleurs semenciers tout en étant au chaud, une tisane ou un verre de vin à la main !
Si vous préférez utiliser des plants, nous vous encourageons à vous rapprocher de maraîchers ou de pépiniéristes locaux. Contrairement aux grands magasins, la diversité, les conseils et le rapport qualité-prix des produits proposés seront au rendez-vous !
D'ailleurs, dans La Micro-Agriculture Familiale, nous proposons une liste de variétés éprouvées et enseignons la marche à suivre afin de faire vos propres semis intérieurs comme des pros!
b. Faire un inventaire des outils et équipements
Fermez les yeux. Imaginez un jour de printemps, grand soleil, c’est la première opportunité que vous avez d’aller au jardin et là :
- Vous avez oublié les graines de carottes, le chien a enterré votre pelle à main et votre arrosoir est percé. Malheureusement, on est dimanche et tout est fermé. Vous n’avez plus qu’à prendre votre mal en patience et attendre votre prochain congé pour commencer.
- Vous êtes prêt.e, vous semez vos carottes, plantez vos salades, arrosez le tout, et vous vous posez pour écouter les petits oiseaux.
La préparation et l’anticipation sont les différences majeures entre ces deux situations. L’un d’entre eux n’a visiblement pas lu cet article !
Blague à part, profitez de la période où vous n’avez pas à vous occuper de votre potager pour vous préparer : faites le point sur ce que vous avez, ce qu’il vous manque, côté semences, outils, équipements comme les filets anti-insectes, les tuteurs et le système d’arrosage.
5. S’entourer, s’informer, apprendre
Comme dans toute activité, la connaissance est une grande alliée. Les nouveaux jardiniers ont parfois tendance à se fier uniquement à leur intuition ou, à l’inverse, ne pas savoir par où commencer !
Si vous souhaitez avancer sereinement et éviter les erreurs classiques, renseignez-vous auprès de ceux qui les ont faites avant vous : ouvrages, formations et tutoriels foisonnent dans ce sens !
C'est d'ailleurs notre mission de vous aider à avoir du succès dans votre potager! Nous vous invitons à participer à l'une de nos formations en ligne pour approfondir davantage vos connaissances et cultiver des légumes avec plus d'assurance.
Nous sommes également de fervents défenseurs de la communauté et invitons toujours à se rapprocher des jardinier.es autour de vous pour échanger et profiter de leurs expériences.
Créer un potager est un projet ambitieux, qui prend du temps et nécessite de l’expérience. Restez humbles et ne vous attendez pas à tout réussir immédiatement. Le superbe potager de vos grands-parents ou celui que vous voyez sur les photos est aussi passé par des hauts et des bas qui, au fur et à mesure de l’expérience acquise, ont tendance à ne plus se voir.
En attendant d’atteindre cet idéal, apprenez à profiter de chacune des étapes que vous allez vivre (big up à la première tomate cerise dont le jus se libérera entre vos dents) et rappelez-vous que c’est en se plantant qu’on devient cultivé. 🙂
Thomas pour l’équipe de L’Académie Potagère 🌿
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